Yaëlle entend les sirènes au loin. Elles s’approchent, vite, si vite. Elle comprend de suite, elle a peur.
Les voilà ! Une, deux, trois, cinq voitures de flics. Combien sont-ils en tout ? Les sirènes hurlantes la saisissent.
Des grands coups de poings dans la porte la somment d’ouvrir. elle est sale, pas lavée, il est près de midi. Elle a fait du ménage en les attendant. C’est comme ça à chaque fois, comme s’il fallait qu’elle mette de l’ordre autour d’elle pour avoir les idées plus claires. Comme si elle devait occuper ses mains, que son esprit s’applique à une tâche pour ne plus voir le désordre qui l’habite.
Elle a fait le ménage pour les recevoir, tous ces flics en uniformes.
Ils rentrent, ils sont si nombreux, vingt peut-être ? Ils vont dans sa chambre, la retourne. Toutes ses boîtes Kodak, tout son papier photo à la lumière, foutu !
Deux flics restent auprès d’elle, la gardent, ne la quittent pas d’une semelle. Elle les supplie de la laisser prendre une douche. Non, un NON non négociable. Un NON sec, un NON qu’on ne lui sert jamais. Ce NON la fait chier, elle a tellement besoin de se doucher. Ce NON lui plaît un peu aussi. Il ne laisse entrevoir aucun espoir et pourtant il la rassure. Elle se cogne à une frontière, une limite.
Tous les voisins sont à leur fenêtre, la main sur la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés en se disant qu’il fallait bien que ça arrive. Qu’avec un père absent et une mère aussi laxiste… fallait bien que ça arrive !
Ils ont tout retourné, ils n’ont rien trouvé. Ils ont appelé sa mère, à son travail, lui disant qu’ils l’emmenaient pour une garde à vue. “Longue, madame, la garde à vue… 48h au moins.”
Elle est sortie de chez elle, le sol qu’elle avait lavé, de nouveau encrassé. Tout le rangement dérangé. Elle est sortie les poignets menottés.
Pas de mots 🤗 juste merci pour ce partage intime 💚