
J’ai plongé dans la vie tumultueuse de Gabriële. Quelle Vie !
De Gabriële, on ne parlait pas. Chez les Berest, l’arrière grand-mère paternelle était enterrée bien profond sous une chape de silence aux allures de plomb.
Gabriële remuait trop de souffrance, d’indifférence. On n’en parlait pas, elle n’existait pas. Point.
Mais parfois, il est bon d’exhumer les ancêtres pour leur rendre le poids de leurs fautes. Il est bon de les approcher pour en discerner les contours. Il est nécessaire de couper le cordon car le silence n’annihiile pas la douleur. L’Omerta est un venin. Le silence est un mensonge qui rend encore plus présente la douleur de l’indicible.
C’est ainsi que les sœurs Berest ont pansé les plaies de leur mère, Lélia. Elles ont redonné corps à Gabriële (sa grand-mère paternelle), elles ont retracé l’histoire de la lignée du père (Vicente). Celle des Picabia*
L’histoire de Gabriële Buffet Picabia, femme de Francis Picabia, maîtresse de Marcel Duchamp, amie proche de Guillaume Apollinaire. Femme iconoclaste, musicienne, critique d’art, femme de génie et d’avant garde. Femme morte à l’âge de 104 ans après avoir vécu mille vies.
Je n’ai pas lu ce livre d’une traite. Il imposait une plongée dans l’histoire de l’art et mon appétence pour le sujet est limitée. Mais sur fond de tableaux, d’opium, de cubisme et de dadaïsme… j’ai aimé suivre les Picabia dans leur train de vies débridé et j’ai aimé me questionner sur ce que ce livre fait émerger de trouble. Qu’est ce que signifie « être quelqu’un de bien » ? Bien pour qui ? Qu’est ce que « réussir sa vie » ? Au regard de quoi ? Au regard de qui ?
J’ai aimé approcher Apollinaire de si près. Le seul à s’engager à la guerre. Le soldat Kostrowitzky (couintreau-whisky) épris de Louise de Coligny Chatillon dite Lou. Et j’ai très envie de lire, non pas les poèmes à Lou d’Apollinaire mais plutôt les lettres de Lou. Je me suis laissée entendre dire qu’il y a de quoi s’y déniaiser… Joie de la lecture qui nous emmène toujours vers d’autres ailleurs…
*La lignée maternelle est celle des Rabinovitch dont il est question dans « la carte postale » (courez le lire si ce n’est déjà fait).
Waouh !! Ces mots… Ce passage sur le silence…❤❤❤
C’est beau ! C’est vrai ! Bravo Nono
Magnifique Douce Nono, vous nous donnez envie de le lire 💖