La vie, Les moments doux

In saecula saeculorum

Ma grand-mère, cette petite merveille du monde parcourant son quatre-vingt-quatorzième printemps avec son déambulateur, va se faire opérer de sa jambe droite le 30 mai. Et moi, d’Igor et Grichka, le 31 mai. Mauvais timing qui va foutre la rate au court-bouillon de ma mère-sa fille pendant 48h.

Ma mémé, cette belle âme qui rit encore aux éclats à mes blagues, souffre d’une AOMI (pour les moldus : une Artériopathie Oblitérante des Membres Inférieurs => les artères des jambes qui se bouchent pour faire simple). Cette maladie fait un mal… mais un mal !!! Que même, en 2022, aucun antalgique ne parvient à la soulager réellement.

Mon aïeule, cette grande dame, est prête pour le grand départ. Elle voit cette opération du 30 comme une chance d’améliorer son quotidien ou comme l’ultime étape qui rendra son âme. Dans les deux cas, elle s’estimera satisfaite.

Je suis allée lui rendre visite, hier. On a parlé de la vie, de la mort, de ses croyances, de ses croix, chapelets, petites icônes et autres bondieuseries qui peuplent sa chambre de maison de retraite.

Elle m’a expliqué comment prier le chapelet… Tu dis le credo, d’abord. Au premier grain, le pater. Aux 3 grains suivants, 3 je vous salue Marie. Puis, 1 gloria patri. Et tu recommences le notre-père et… Ho, mais attend ! me dit-elle tout à coup, il est bientôt 15h30, on va mettre la chaine KTO et tu vas écouter le chapelet de Lourdes. Allez ! En avant Guingamp !! On a fait ça, toutes les 2. Moment improbable que d’écouter ces prières en boucles et ma grand-mère les réciter à l’unisson. C’était troublant, touchant, émouvant. Et puis elle m’a donné son chapelet. Celui de sa mère, Rosalie. Mon arrière-grand-mère.

Je suis, de la famille, celle qui parle le plus librement de la mort, de sa finitude, de ses obsèques. Je suis celle qui, aux yeux des autres semble la plus préparée, la mieux armée. Je crois qu’en réalité, je suis celle qui sera la plus dévastée par son départ. Je crois qu’en parlant de tout ça, j’ai l’illusion de contrôler les choses et de maitriser le temps. Mais que rien ne me préparera vraiment à sa mort. Rien.

Courrez vite voir vos grands-parents et dites-leur que vous les aimez. Dites leur « raconte moi, avant.. ». Écoutez-les vous dire le temps, les choses, la vie. Écoutez le son de leur voix. Prenez le temps d’être là, à leur côté. Partagez vos rires, et vos larmes aussi. Faites-leur un câlin qui serre fort. Et respirez l’odeur de leur cou. L’odeur du cou de mon grand-père, je la sens encore. Bientôt 20 ans qu’il n’est plus là.

Ma mémé, je t’aime, nunc et semper et in saecula saeculorum amen (Et déconne pas, hein, on se revoit en juin ♥)

4 commentaire

  1. Cécile

    Toi, toi, toi 😇💚

  2. Florence

    Je vous ai tant entendu me parler de votre Douce grand-mère, que j ai l impression de la connaître à distance. Je vous envoie à toutes les deux de très belles ondes d Amour guérisseur. Je vous souhaite un prochain repas où je vous imagine grand-mère, mère et fille réunies pour partager et échanger entre vous trois. Belle fête des mamans à vous trois. Toujours une très belle écriture, douce Nono 🌞💖

  3. Remi

    J’ai ri, je me suis étouffé avec ton chapelet et pour finir j’ai eu beaucoup de mal à lire la fin à Brigitte. Sacrée Nono, ta plume nous surprendra toujours

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