La vie, Les jolies choses

Retenir la lenteur…

10 mois.

Presque 10 mois de temps étiré, à regarder le monde s’agiter. 10 mois de lenteur. 10 mois passé en retrait du bruit. A mieux regarder les choses, à les regarder de plus loin, en reculant de quelques pas, en restant dans un coin.

Tout n’a pas été de tout repos, non. 5 opérations. Quelques mutilations. De la fatigue, beaucoup. De l’inquiétude aussi. de la peur, de la tristesse un peu. Un deuil, des deuils. La vie, quoi. L’épreuve. Des expériences.

10 mois que j’ai adoré malgré les coups durs, les bleus de partout, des épaules aux genoux. 10 mois d’une lenteur que je ne connaissais pas, que je ne connaissais plus.

1 mois.

De retour au travail depuis 1 mois. Revoir les gens, les autres. Ceux qui m’ont pris dans leur bras. Ceux qui m’ont offert des fleurs, une bouteille de champagne. Celle qui a pleuré, parce qu’elle a cru que je ne reviendrais plus. Tout cet amour. C’était fou !

1 mois que je retrouve mon rôle social, ma posture de soignante. J’ai réussi toutes mes prises de sang, toutes mes poses de cathlons. J’ai débordé de ma tache en triant des papiers chez une vieille dame. J’ai fait le ménage dans le matériel à glycémie d’une autre patiente. J’ai changé une ampoule. J’ai dansé avec un balaie dans la cuisine de Mr P. J’ai apporté une pâtisserie pour Mme D et ses 90 bougies. J’ai chanté Eddy de Clara Luciani à ce patient prénommé Eddy. Je suis repartie faire une injection à 23h pour déclencher une ovulation chez une patiente formidable. Le genre de rencontre qui me fait aimer ce travail. J’ai eu la joie de recevoir un message de cette dernière m’annonçant les 17 ovocytes prélevés suite à mon injection. Je me suis assise chez certains pour partager un café (une bière aussi avec Henry). J’ai changé l’heure de quelques pendules…

1 mois que je me sens pile poil à ma place. 1 mois que je retrouve la flamme. 1 mois que je suis en phase avec ce que je fais. C’est un luxe que je savoure.

Je veux garder un mix de ces 10 mois fondu dans mon travail. Des semaines de repos régulières. Travailler moins pour gagner tout court. Inviter l’oisiveté, le silence, le repos. Entrecouper le travail intense par des périodes de pauses. C’est ainsi que je veux appréhender mon travail, aujourd’hui. Ne pas me laisser asphyxier par le trop plein. Reprendre mon souffle.

Ces 10 mois m’ont profondément guérie, appris, pansée, grandie. Je vous souhaite à tous une pause aussi salvatrice, même si je ne vous souhaite pas toutes ces chirurgies. Mais allez savoir, si cette pause n’avait pas eu son lot de douleurs, aurait-elle été aussi libératrice ?

1 commentaire

  1. Florence

    Merciiii pour ces très beaux écrits Nono. 💞

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