La vie

Putain de mars !

En dedans, c’est tout qui se noue. Depuis les premières éclosions du printemps. A mesure que la nature s’ouvre, se déploie, mon cœur se ratatine. L’anxiété me cloue au sol en me laissant croire qu’elle s’installe pour toujours. C’est le réveil en sursaut, le cœur qui palpite, le souffle court qui épuise. C’est croire qu’il faudra vivre à sa botte.

C’est pleurer ta perte, ma belle Cécile. Pleurer parce que tu ne déposeras plus de petits mots doux sous l’un de ces billets. Pleurer tes douleurs ineffables et ton courage incommensurable. C’est rendre hommage à ta force, ta beauté, ton intelligence.

C’est souffrir du bruit du monde. C’est se sentir en danger face à une démocratie qui s’essouffle. C’est rager de colère face aux violences policières, face à ce gouvernement qui me fait peur. C’est tout qui boue dans la poitrine. C’est l’incompréhension qui habite tous les recoins.

C’est la guerre de l’eau qui commence. La guerre des ressources. Leur exploitation par les plus riches à des fins capitalistes. Toujours cette même rengaine. C’est croire que l’insouciance est derrière et que l’avenir ne sera que lutte.

C’est le 49.3. C’est Darmanin. C’est l’entrave aux secours à Sainte Soline. C’est se sentir en danger dans ce monde de violence. C’est l’anxiété qui broie l’estomac. C’est l’hiver qui traine et le blanc du ciel me délave les iris.

C’est imaginer Marine Le Pen, Zemmour et tous ces fachos tapis dans l’ombre en se frottant les mains, prêts à récupérer ce carnage. C’est ne pas s’habituer à ce que des gens plus ou moins proches viennent à flirter avec leurs idées crasses.

C’est l’agression subit dimanche soir par un mec sous l’emprise d’une substance ou sous l’emprise de la folie. C’est la violence qui surgit du coin de la rue et t’arrache la dernière couche de protection qui te protégeait du monde. C’est croire que tout se délite sous ta main. C’est rentrer tremblante, apeurée. L’anxiété continue de grignoter.

C’est le goût des choses qui vient à se gâter. C’est l’envie d’aller mieux, de voir pointer la joie et qu’un semblant de légèreté revienne.

C’est la découverte concrète de ce qu’est l’IA, l’intelligence artificielle, et ses dégâts potentiels. C’est l’expérimentation de Chat GPT et des supercheries créées par Midjourney. C’est voir que le monde va bien plus vite et bien plus loin que nous ne pouvons nous adapter. C’est le sentiment de toujours devoir courir derrière le dernier danger dont l’humanité vient d’enfanter. C’est être à bout de souffle. C’est l’anxiété qui s’immisce dans tous les interstices qu’ils soient réels ou virtuels. Comment savoir d’ailleurs ? Où est le vrai ? Où est le fake ?

C’est tenter de ralentir. Organiser des moments doux. C’est aller voir des spectacles pour que le plaisir advienne. L’envie de poésie, de rire et de partage. C’est me tordre la mâchoire devant Thomas VDB. C’est me troubler face à l’Opéra de Verdi et voir ma Pouillette la larme à l’œil pressée par l’émotion. C’est écouter Virginie Despentes à l’antipode, clamer Calaferte sous une lumière hypnotique.

C’est chercher la clé qui rend heureux malgré la décadence. La clé qui rend présent et conscient de la déliquescence sans corrompre la santé mentale. C’est chercher sans trop y croire parce qu’on se connait trop bien, hélas ! C’est chercher un moyen d’agir. C’est ne pas supporter mon incurie.

C’est fermer la page sur un mois de mars violent qui m’a éreinté. C’est croire que le printemps amènera un peu de redoux. C’est savoir que le redoux sera fugace. C’en est fini de se voiler la face.

Reste l’hiver à enterrer, le printemps vient d’éclore.

2 commentaire

  1. Steph

    Force à toi Nono 💚
    Dur d’entrevoir le positif dans tout ce merdier !!

  2. Florence

    Douce Nono, toujours un réel Plaisir de vous lire. Vous écrivez tellement bien. Vos mots et ressentis sont justes. Tout est clair. Je vous envoie des tendres câlins virtuels en attendant de vous revoir en vrai. Doux bisous de Flo

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