Céder n’est pas consentir

Avant que ne commence la coupe du monde de foot, on a expliqué aux filles combien cet événement était problématique. On a tenté de les sensibiliser au problème écologique, on a bien sûr parlé des milliers de morts, on a évoqué les droits humains bafoués, l’esclavage moderne, l’homophobie, la corruption…

A la demi finale, on a jeté l’éponge. On leur a dit qu’elles pouvaient regarder le match. Nos combats nous sont propres. Leur désir de vibrer à l’unisson compte aussi.

Difficile tâche que d’être parent. De vouloir transmettre des valeurs et les rendre responsables de leurs actes sans (trop) les frustrer, sans les marginaliser.

Parce que oui, c’est de ça qu’il s’agit. Celui qui s’indigne est en marge. Le revolté n’est pas dans le mood. La tendance est au Yolo. Et demander à un ado de sortir du rang, c’est risquer qu’il se fasse exclure, qu’il soit moqué.

Les filles ont compris, je sais. Le message est passé, c’est ce qui compte. Elles regarderont la finale dimanche, comme les autres et ce sera très bien comme ça.

Puisque Macron s’est rendu au Qatar pour le foot, plutôt qu’à Montréal pour le COP 15. Puisque les médias s’émeuvent plus du foot qu’ils ne relaient le scandale de la corruption au parlement européen. Puisque les français n’ont absolument pas boycotté cette coupe du monde de la honte alors que les allemands, les anglais et les polonais ont massivement résistés, eux. Puisque la France toute entière s’en bat les steacks d’où va le monde. Puisque tout le monde se dédouane mollement derrière un : « bah oui mais c’est trop tard… fallait se réveiller avant. » Mais non, ton vrai pouvoir (plus que ton bulletin dans l’urne) il était là, et tu le sais.

Puisque…

Puisque je n’aime pas le foot, je n’ai pas de conflit avec mon striatum et je ne bataille pas avec ma trop forte sécrétion de dopamine et donc je ne peux pas comprendre la beauté du sport et le moment historique.