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Requiem de Mozart

Je suis en seconde, j’ai 15 ans à peine. Mr Ecorchard, prof d’histoire au nez crochu nous conduit dans une salle équipée d’un vidéo projecteur afin de nous présenter « Amadeus » de Milos Forman. Le film aux 8 oscars était sorti au cinéma depuis quelques années déjà, mais la plupart d’entre nous ne l’avions jamais vu. Ce jour là, je devais probablement trainer mes Doc. Marteens nonchalamment à l’idée de regarder Mozart pendant 3h.

30 ans plus tard, le souvenir de ce moment est encore très fort. J’ai été saisie par ce film, par la musique. C’était ma première rencontre avec Mozart et je me souviens que dans la pénombre de cette salle, la gorge nouée par l’émotion d’un requiem enivrant, je retenais mes larmes en mordant l’intérieur de ma joue. Si aujourd’hui je laisse couler les rivières, à l’époque, je réprimais toute sensiblerie.

Mon éducation ne m’a jamais sensibilisée à la musique classique. Culture étrangère a ma condition sociale. On se met des freins, on est illégitime… Et pourtant, j’écoute Mozart, souvent. A la maison, on l’appelle galettes-saucisses à cause de ses 2 petits boudins roulés de chaque côté, au dessus de ses oreilles. C’est Maëlle qui l’a surnommé ainsi, c’était en 2016. Elle détestait Mozart. Elle le déteste toujours. « Et en plus, il est moche et il est mort » disait-elle.

La semaine dernière, je suis allée écouter le requiem de Mozart dans la basilique St Aubin, juste à côté du sublime couvent des jacobins. Je savais que j’allais être émue mais pas comme ça. Ma mère m’accompagnait et avec elle, j’ai pu lâcher les vannes, toutes les vannes. Des trucs insoupçonnables. Une chialade comme jamais face à la plus intense des Messes de Requiem. Le chef d’œuvre liturgique inachevé par Mozart est d’une force émotionnelle redoutable, je le savais, mais pas à ce point. J’ai eu ce frisson qui me parcourait l’échine durant tout le concert, depuis l’introitus au communio. Et je ne vous parle pas du Lacrimosa… Popopop !!! Lacrimal, lacrimal ! Est-ce la musique ? L’église ? L’interprétation par l’orchestre de Prague ? Est-ce tout ça à la fois ? C’était puissamment mystique.

On ne sait pas trop que faire de ça. Toute cette émotion qui semble trop. Toutes ces sensations physiques qui paraissent trop. Tous ces frissons, toutes ces brûlures du chakra coronal, toutes ces perceptions. Tout ce sacré. Tout ce divin. Tout était Trop – Très – Insoupçonné – Transcendant.

Je ne sais pas quoi en dire. Ça fait une semaine et ça m’habite encore très fort. Ma mère s’en est retrouvée toute retournée aussi. Je ne sais pas quoi dire. C’était tellement inouï ! Merci la Vie.

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