Les lectures

Quel cri !

Maman se meurt première personne. Elle disait malaxer malaxer la farine avec trois œufs dedans et un yaourt nature. Papa l’a tué deuxième personne. Infinitif et radical. Chloé se tait troisième personne. Elle ne parlera plus qu’au futur antérieur. Car quand s’exécuta enfin le parricide il fut trop imparfait pour ne pas la marquer. p20

Je connais ce passage par cœur. Je l’ai appris malgré moi. Je me réveillais la nuit et ces mots tournaient dans ma tête, dans un demi-sommeil. Le matin, je récitais.

Je suis pantoise devant tant de force, de talent. Je n’ai jamais rien lu de tel auparavant.

Elle maitrise à merveille la métrique, les vers blancs, les alexandrins et moi qui n’y connait rien j’ai été embarquée par ce rythme fou, ce texte sans virgule, ces mots savants, ce trauma livré brut et poétique.

J’ai rencontré le mot clinamen, plusieurs fois. J’ai cherché ce qu’il signifiait, je m’échinais à comprendre le sens pataphysique, puis philosophique, puis littéraire de ce mot qui m’évoque surtout une plante qui fleurit les cimetières. Je n’en ai pas encore fait le tour, j’entrevois tout juste les contours.

Depuis le lecture de ce petit livre hybride, ovniesque, puissant… plus rien ne me séduit. J’ai laissé « Solal ou la chute des corps » choir au pied du lit alors que je sais qu’il mérite la plus belle des attentions.

« Le cri du sablier » passe de mains en mains depuis deux semaines, je n’arrive plus à lire depuis tout ce temps. C’est incompréhensible. Je suis tout bonnement sous emprise.

Sous l’emprise des mots de Chloé Delaume.

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