Les jolies choses, Les moments doux

Il était temps…

Ces derniers mois, je marche les écouteurs bien enfoncés dans les conduits auditifs. J’écoute rarement de la musique, souvent Eva Bester, Lauren Bastide, Marie Richeux, Philippe Collin… Avide d’en apprendre plus sur les invités, leur façon d’habiter le monde, leurs œuvres artistiques en création. Les longs podcasts de « Face à l’histoire » en 10 épisodes d’une heure : Qui étaient Dreyfus, Louis-Ferdinand Céline, Léon Blum ? Je marche. En moyenne 50000 pas par semaine, soit 40km de podcast ou de musique que j’enchaîne semaine après semaine depuis des mois. Jusqu’à n’en plus pouvoir des mots et des musiques. Jusqu’à vouloir le silence, la paix. Jusqu’à aujourd’hui, le cœur chargé des dernières douleurs de la semaine. Je me suis remémorée ce temps si proche, cette époque qui malgré tout me semble si loin. Je me disais en ce temps, en croisant coureurs et marcheurs : « quel gâchis de ne pas écouter le dehors » moi qui laissait vagabonder mes pensées au rythme de la nature environnante. Que s’est il passé pour que je m’enferme moi aussi dans les voix des autres. Systématiquement. Automatiquement.

J’ai laissé les écouteurs à la maison. J’ai traversé la rue et j’ai vu un mini escargot jaune tout heureux qu’il pleuve, j’ai vu les pissenlit et leurs aigrettes alourdies par le crachin depuis l’aube.

J’ai vu le geai déployer le bleu de ses ailes et entendu le chant mélodieux de deux merles. J’ai vu le vert de partout, la nature vigoureuse rincer sa poussière sous la pluie fine, j’ai entendu les chênes s’ébrouer sous l’action du vent invisible.

J’ai vu le livre de Jean Teulé dans la boîte à livres chargée de Franck Thilliez. Je l’ai mis dans la poche de ma veste, me promettant de venir en déposer un autre en échange.

Je suis revenue de cette sortie plus apaisée et détendue que d’habitude. Mon taux de cortisol a drastiquement diminué grace à ma connection au vivant que je négligeais depuis des mois. J’ai vu tout ça alors que d’habitude je ne vois que les limaces et les vers de terres à mes pieds. J’ai levé la tête vers la cime des arbres, j’ai tendu l’oreille, humé la douce odeur du pétrichor… Tous mes sens en éveil. Il était temps de se rappeler l’essentiel.

1 commentaire

  1. Steph

    C’est beau, c’est simple, c’est universel… ça me parle beaucoup !

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