Je sais pas toi mais moi ça va bof.
Trop de mauvaises nouvelles, d’ondes agressives, de gestes effrayants.
Mon angoisse me saute à la gorge et me tient bien là, appui sur le trachéostome.
Je range, je trie, je lave ce qui est structurant pour ma nature névrotique.
J’ordonne l’espace. J’ai entrepris de restructurer ma bibliothèque sans la changer car il faut toujours tenter de réhabiliter. Je me suis mise à la recherche de caisse de vins pour l’agrandir – vides, les caisses de vin – J’en ai acheté 10, puis encore 5.
Ça structure ma tête et abaisse mon anxiété que de structurer mon espace. Cloisonner, rassembler, classer.
J’ai aussi entrepris du grand ménage : laver les carreaux et les volets roulants, enlever la plainte sous la cuisine et astiquer fort pour que ça sente le propre.
Je lave, je range et je trie pour ne pas penser au salut nazi. Pour m’attacher à la matière. Ne pas penser à ces fous du bus qui nous conduisent vers les abysses.
J’ordonne l’espace pour ordonner les pensées qui m’assaillent. Pour faire taire le mot qui se répète en boucle dans ma caboche au bout du roulax « dystopie – dystopie – dystopie… »
