
C’est un opéra en 3 actes, c’est mon 3ème grand opéra après « La clémence de Titus » de Mozart et « Luisa Miller » de Verdi et c’est sans conteste mon préféré. La mise en scène de Silvia Paoli est tellement queer et engagée… ça dépoussière l’image que l’on se fait de l’opéra pour en faire un spectacle graphique, sublime, moderne.
D’abord le premier acte s’ouvre sur la danseuse majestueuse, hypnotique et envoûtante au corps gracile tournoyant dans une liquette blanche et légère. Elle vrille, juchée sur l’extrême pointe des pieds devant une armée d’hommes, chapeaux haut de forme, cannes rigides à l’instar de leurs postures froides. C’est Violetta qui danse sa mort mais je ne le comprends qu’après, qu’à la fin. Elle est foulée par cette horde d’hommes fantômes quand elle tombe à terre… cette entrée en matière est si puissante, que je suis saisie, clouée au siège. Tiens, tiens ! Cet opéra ne dénoncerait-il pas le patriarcat ? Attendons voir… la traviata signifie la dévoyée et l’opéra de Verdi s’inspire de la dame aux camélias. Ça sent déjà le dépoussiérage et le message engagé. Ça promet !
Mais rembobinons encore… avant la levée du rideau. Qu’y a-t-il de si troublant dans l’opéra ? Juste après le retournement du chef d’orchestre vers le public, baguette à la main, dressée vers le ciel ? Après les acclamations du public regards dirigés vers la fosse tentant de percevoir la composition de l’orchestre ? C’est le la ! Le moment où précisément je quitte le sol et flotte quelques centimètres au dessus… Quand le hautbois donne le la pour que les instruments tour à tour s’accordent. Je ne peux décrire ce qui traverse mon corps à ce moment précis. Le premier hautbois se lève, donc, et joue fièrement son la. Les vents s’accordent les premiers. Puis, le hautbois brandira de nouveau son la en direction du premier violon qui donnera à son tour, le la aux autres instruments à cordes. On n’échappe pas à la cacophonie. D’aucuns diront (bien plus mélomanes que moi) que c’est dysharmonieux, quand mes tympans se délecteront de ce la livré brut à l’unisson.
Revenons à notre Violetta (la dévoyée) héroïne de cet opéra atteinte de la phtisie (tuberculose pulmonaire). Il y a l’histoire d’amour avec Alfredo. Il est riche, et elle, beaucoup moins. Le père d’Alfredo s’en mêle rendant cet amour impossible (la moula, tu vois). Alfredo, pensant que sa promise en aime un autre la traite comme une chienne devant tout le gratin de la haute société qui festoyait mais le père d’Alfredo vient prendre la défense de la pauvre Violetta (Super Giorgio, ça aurait été pas mal de pas foutre ta merde avant) humiliée en public puis dépouillée de ses vêtements à l’acte final.


Alors pourquoi cet opéra est si sublime ? Les costumes d’abord. Du noir et blanc principalement et quelques éclats de couleurs par-ci par-là. Ce noir et blanc si graphique sur scène : Mains gantées blanches sur costumes noirs et vice-versa. La danse surtout, la troupe de danseurs est incroyable. L’énergie est folle. Le mélange des genres peut-être avant tout. Les hommes en justaucorps et tutu vaporeux, lèvres rouges. Les femmes habillées en homme, menton haut. L’éclairage au scalpel. Les décors, les airs de musique si connus de la traviata, les chanteurs et le régisseur ♥
